Conférence de Thierry ROCHER

Chers Amis

      Ravi de vous accueillir dans mon milieu professionnel, la rue Champollion n’aurait pas pu tous vous recevoir ; et j’avais promis à Marc de vous faire un exposé sur un sujet qui me tient à cœur, ma région de naissance : la  SOLOGNE, et en profiter ensuite pour vous dédicacer un petit ouvrage que je viens de commettre et dont a rendu compte le Populaire du Centre, pas plus tard qu’hier.

      Quelques mots pour parler de la SOLOGNE , si vous regardez la météo nationale, vous apercevez une tache verte au centre de la FRANCE, dans les boucles de la LOIRE, c’est la SOLOGNE, qui est très boisée.

     Il faut savoir qu’au Moyen Age, c’était une terre agricole comme les autres. Mais, du fait de la « déprise » agricole, les petits agriculteurs ont été éliminés ; c’est devenu une région forestière à 80%. La SOLOGNE n’a pas d’unité politique, ni administrative, ce n’est ni une région, ni une province, ni un pays, ni un département. Elle est répartie sur 3 départements : le LOIRET, le LOIR et CHER et le CHER.

     Par contre elle a une unité géographique et géologique ; elle vit sur un socle calcaire avec de l’argile et du sable  dans une cuvette bouclée par la LOIRE ; Elle donne des sols pauvres, acides et très difficiles à travailler ; pleins d’eau l’hiver et très secs l’été. Les paysans Solognots sont, comme les Limousins, durs à la peine.

 Au Moyen Age, la SOLOGNE était divisée en 3 duchés : celui d’ORLEANS, celui du BERRY et celui du BLESOIS.

La SOLOGNE n’a pas de grande ville ; celles qui bordent cette région sont : Orléans au nord, Bourges au sud, Blois à l’ouest, Vierzon au sud ouest et Gien à l’est ; La ville la plus importante de SOLOGNE est Romorantin.

 A la révolution, personne ne voulait de la SOLOGNE.

Les « Conventionnels » ont crée les 83 premiers départements ; on voulait n’en faire que 2 dans la région , le Loiret et le Cher, mais il a fallu créer le Loir et Cher ; ce qui fait que les Solognots sont minoritaires dans le Cher et le Loir et Cher ; 

Entre le Moyen Age et le XXème siècle, les Sologne ont survécu.

     Au Second Empire, il y eut la création du chemin de fer et des grands travaux entrepris par Napoléon III. Il a assaini, encouragé les propriétaires à drainer, faire des fossés et planter des pins, comme dans les Landes.

Au début du XXème siècle, tout a gelé.

Le « Comité Central Agricole », reconnu d’utilité publique a entrepris beaucoup de travaux. En même temps, les industriels, enrichis, se sont établis pour chasser et construire des châteaux. Ce ne sont pas des châteaux anciens ; il n’y a pas de pierres, seulement du bois et de la brique.

      De Napoléon III à 1914, la France s’enrichit, l’industrie est florissante et les grandes familles s’établissent ; particulièrement les SCHNEIDER à Salbris sur un domaine de 2000 Ha avec un château de 200 pièces.

D’autres sont venus ; l’alliance entre ces industriels et la petite aristocratie locale a permis la location de ces terres pour la chasse et les plaisirs ; vous pouvez retrouver tous ces souvenirs dans le film de Jean RENOIR : la Règle du Jeu.

      La population a continué une petite agriculture et commencé à industrialiser les régions de Vierzon ( mécanique) et Romorantin (textile).

En 1941, Pétain crée une région naturelle artificielle pour la re-dynamiser, sur 500 000 ha et 127 communes.

Dès 1960, c’est le déclin de l’agriculture.

     La chasse est devenue plus rentable. C’est le début des grands élevages, et comme il n’y a pas assez de gibier, c’est de l’élevage en batterie des faisans. En 1957,apparaît le grand fléau de la myxomatose qui a détruit des millions de lapins, que l’on trouvait dans tous les plats régionaux ; donc les élevages se sont tournés vers les faisans pour les grandes chasses. Actuellement, la SOLOGNE est surtout une région de chasse au gros gibier, et malheureusement, les propriétaires ont choisi de s’enfermer derrière des grillages de 3m de haut, c’est une insulte à la nature.

      La SOLOGNE pourrait être une région touristique ; mais l’été il fait très chaud et humide

     Au point de vue Histoire, la plus connue est la Guerre des Gaules , avec la travée d’Orléans à Bourges. César, vaincu à Orléans, a fui pour attaquer Bourges (Avaricum) ; et il reste quelques vestiges de cette travée dans le village ou je suis né.

     Des noms celtiques sont restés après le passage de César pour refuser les conquêtes romaines ; le préfixe « bara » qui signifie pain est du celte que l’on retrouve dans beaucoup de lieux-dits.

     Jeanne d’Arc a aussi beaucoup bataillé dans la région, et plusieurs lieux – dits portent le nom de « LA PUCELLE ». Les Rois de France sont peu venus en SOLOGNE, sauf François Ier, qui avait un projet avec Léonard de Vinci de construite un château à Romorantin. Il a commencé les fondations et au vu du terrain a renoncé et fini par construire Chambord. Ancien domaine royal passé dans le domaine Républicain après le renoncement au trône du dernier Comte de Chambord, cette propriété est devenue le lieu privilégié des chasses présidentielles. Ces Chasses existent toujours, mais on n’en parle pas, écologie oblige…….

      Plusieurs écrivains ont mis la SOLOGNE à l’honneur. Le plus connu est Maurice Genevoix, avec son roman Raboliot ; Marguerite Audoux avec Marie Claire et surtout Alain Fournier avec le Grand Meaulnes .Alain Fournier venait en vacances dans mon village de Nancay.

      Petite anecdote sur la Sologne du Cher, bien connue par les chasseurs limousins. Il y a un château à Neuvy sur Barangeon, copie du 13ème siècle, crée par une marquise très imposante. N’ayant pas d’héritiers, ce château est tombé dans le domaine de l’Archevêché qui en a fait un petit séminaire avant qu’il ne devienne une boite à bac dans les années 1960 ; au vu de la crise des vocations, l’Archevêché a revendu le château , vers 1970, à BOKASSA, qui l’a occupé 2 fois avant de le laisser dépérir avec son personnel qui a tout saccagé pour se chauffer et se nourrir…..Après la destitution de BOKASSA, Roger HOLLEINDRE, lieutenant de Jean Marie LE PEN en a fait un centre d’entraînement pour ses jeunes militants….

Aujourd’hui, c’est un riche australien qui l’a racheté pour en faire un lieu de réception.

      Les Solognots ont été dépeints comme des gens, rusés, fatalistes, rachitiques, voleurs, braconniers nourris de seigle, châtaignes, légumes, champignons, gibiers et brochets.

Souvent ouvriers agricoles, ils ne possédaient pas la terre et se  sont tournés vers les métiers de braconniers, garde chasses ou employés dans les usines.

L’Avenir ;

      La forêt prends le pas sur l’agriculture sauf dans le Blésois avec le vin (cheverny), les asperges et les fraises.

L’A et l’A85 traversent la SOLOGNE ; mais on trouve encore beaucoup de chemins ruraux et communaux, malgré les grillages ; malheureusement, il y a trop de structure administrative avec les « pays », les « communautés de pays » ou tout le monde se chamaille et  peu travaillent.

Malheureusement le prix du foncier est énorme.

      Ce pays auquel je suis attaché, bien que devenu limousin, j’y retourne quelques fois ; j’ai encore la maison de mes grands parents dans le village d’Alain Fournier ; j’utilise beaucoup les chemins communaux, j’y chasse un peu et j’ai gardé quelques attaches ; Mes enfants étant à Orléans ou Paris, c’est facile de se retrouver en famille dans le pays de mon cœur.

      J’ai écrit 3 nouvelles sur la SOLOGNE des années 70 sur des personnes qui n’avaient pas vu venir le progrès, des agriculteurs, des propriétaires, des régisseurs. Et ces gens se sont fais « envelopper » par le progrès. J’ai voulu m’amuser à décrire ces scènes que j’ai vécues ou que mon père m’a racontées. Il n’y a pas de message  ni de thème bien précis, mais simplement des histoires ;et je vous souhaite une bonne lecture.